De Kyushu à Shikoku par la mer

Zzzz, aïe, Zzzz, ouille ! Pas super la nuit. J'ai bobo partout, mes nonos ont mal supporté le tatamis. Mon arthrose  me dit bonjour, ma copine Prothèse va bien mais les tendons qui l'accompagnent font grise mine. Doudou, aide moi à me relever. Ah, tu peux pas nous plus ? C'est embêtant, nous devons prendre un ferry  pour traverser la mer en direction de l'île de Shikoku, puis monter dans un train pour Matsuyama.

Roulé boulé par ci, roulé boulé par là et les deux petits vieux se redressent tant bien que mal. Nous dévorons les petites viennoiseries et pâtisseries à la crème que nous avons eu (enfin que J'AI eu) la présence d'esprit d'acheter hier soir dans une boulangerie. Courir pour prendre un petit déjeuner japonais après une nuit sur un tatamis, c'est pas tentant ! Quand je pense qu'il y a quelques semaines, nous étions à l'Hôtel Casino Barrière de Lille...

 Le bus de ville nous dépose à l’embarcadère du ferry. Euh, devant un ferry car le port de Beppu est étendu. Et, contre toute attente, Monsieur Doudou pète un câble. « Il est où ton ferry ? Si ça tombe le bus ne nous a pas déposé au bon endroit, va falloir se taper tout le port à pied ! Tu aurais pu te renseigner mieux que ça ». Ouh là, Pépère, me chauffe pas les oreilles, j’ai mal partout, je suis en manque de sommeil et de camembert. T'avais qu’à demander au chauffeur de bus ! Et si tu n’es pas content, la prochaine tu organises le voyage toi-même. Le pépère est fatigué, il doit porter son sac à dos blindé et tirer la valise la plus lourde. Il a laissé aux oubliettes de sa jeunesse ses futurs 56 ans. Mais ceux-ci se sont échappés, trop heureux de s’infiltrer dans ses muscles et ses articulations pour y distiller leur poison violent : l’âge. Comme dit le proverbe : qui veut voyager loin ménage ses bagages.

En colère, je plante Pépère sur le parking (il en profite pour prendre quelques vues de Beppu et de ses montagnes environnantes). Perd jamais le nord même à l'est Pépère. Je questionne un ouvrier qui m'indique où trouver l'embarcadère pour Shikoku. Je continue mon chemin jusqu’à l’entrée du terminal situé à quelques mètres sans me soucier de Doudou et me rend au guichet pour y retirer les billets. Je présente mes Japon Rail Pass qui ne fonctionnent pas pour ce ferry. Vous êtes sûre, mademoiselle ? la guichetière croise se bras en X , qui veut dire : impossible.

Un ferry à Beppu, île de Kyushu, photo non libre de droits
Un ferry à Beppu, île de Kyushu, photo non libre de droits

Doudou colérique arrive et je le taxe du prix de la traversée. Bien fait pour lui, n’avait qu’à pas me crier dessus, na. C’est ça, va faire tes photos et laisse moi tranquille. Doudou penaud revient. Pas d’excuses (faut pas trop en demander) mais un gros câlin (faut traduire ou interpréter). Nous montons à bord, le ferry va prendre le large, à l'heure exacte comme il se doit au Japon,  vers Yawatahama où nous prendrons le train pour Matsuyama.

Allez, Doudou, sans rancune ! monte sur le pont, ton œil photographique trépigne d’impatience.

Le ferry s'éloigne de l'île de Kyushu. Il oscille entre  cingler vers le bleu céleste ou s'abîmer définitivement dans la grisaille des Enfers de Beppu. L'étendue d'eau tranche pour lui : ça sera le bleu céleste ! Ferry et mer s'unissent pour escorter 2 voyageurs amoureux vers l'île de Shikoku.

2h45 de traversée dans une paix des ménages retrouvée et nous accostons sou un soleil radieux. Nous avions oublié que l'astre lumineux pouvait réchauffer l'atmosphère au Pays du Soleil Levant. AHHH, ça fait du bien à nos vieux os. Il ne manque plus qu'un bon camembert...

Nous prenons un taxi jusqu'à la gare de Yawatahama, les bus n'étant pas légion. Doudou sourit d'aise, le taxi n'est pas ruineux et nous prenons le train avec les JR PASS. Regarde, Doudou, nos portraits sont peints sur la poubelle de tri !

Train en gare de Yawatahama, île de shikoku

 Avec l'âge, on a tendance à oublier certaines choses : jeunes ou vieux, il faut donc faire travailler sa mémoire. Si je vous dis : les photos et les textes sont de Doudou et de moi, ils sont notre propriété (voir mentions légales en bas de page). A quoi cela vous fait penser ? Bravo, vous avez trouvé. Vous savez donc ce qu'il vous reste à ne pas faire.  Et si vous nous contactiez?

Note : veuillez remplir les champs marqués d'un *.