Takamatsu, la ville au jardin classé trésor national

Encore mal dormi, décidément, je ne suis pas faite pour les hôtels Capsule. Mais je ne suis pas de mauvaise humeur, ça ne sert à rien. Ce soir, nous dormons encore une fois sur un tatamis dans une sorte d’auberge de jeunesse. Après deux nuits dans une capsule, je vais finir tout tatassé et tout cassé. Bah, tant pis, j’ai toute la mort pour me reposer, disait George Moustaki. En attendant, nous retournons sur les rails, en partance pour Takamatsu où se trouve l’un de plus beaux jardins du Japon : le Parc de Ritsurin. Aime bien les trains japonais, moi. En plus d’être à l’heure, ils sont beaux, colorés, joyeux. Comme moi !

 Doudou frétille d’impatience, comme à chaque fois qu’il visite un jardin. Ritsurin-Köen plonge ses racines dans le XVIIème siècle et ses ramures portent les labels de « Paysage Exceptionnel», de « Trésor National du Japon » et de « Site Pittoresque ». Autant vous dire que l’appareil photo va être de sortie ! Je n’ai pas fini de patienter.  Nous empruntons 2 parapluies, Doudou, des fois que.. 1 seul ? Bon ! Si j’aurais su, je m’aurais écouté. Il commence à pleuvoir et nous n’avons qu’un parapluie pour 3 : Doudou, moi et … l’appareil photo qu’il va falloir protéger. « Ouah, les photos vont être super » s’exclame le photographe, imaginant déjà les gouttes de pluie finement posées au cœur des feuilles. Moi, j’entends plutôt le Doudou en question : « mets le parapluie plus en avant, recule le parapluie je ne vois rien, mets le parapluie plus à droite, met le parapluie plus à gauche, zut il y a de l’eau sur mon boîtier ». Le parapluie, le parapluie, LE PARAPLUIE !

Ritsurin-Köen, Takamatsu

 L’appareil photo a pour objectif de mitrailler les 75 hectares de jardin, de flotter sur les 6 étangs, de grimper les 13 collines artificielles et traverser les ponts. Dans sa ligne de mire, le Mont Shiunzan qui veille sur le Trésor National se prélassant à ses pieds.

 Il darde son œil dans les moindres recoins des allées de Ritsurin-Kôen. Il ne perd pas une goutte de pluie qui transperce, telle une hallebarde, la terre et nos corps humides. L’air sent la terre, la terre regorge d’eau, l’eau me mouille. Perles de pluie qui glissent le long de mon échine. Perles de pluie qui scintillent tels des diamants, au creux caché de la végétation.

Perles de pluis, jardin de Ritsurin, Japon

 La pluie redouble d’intensité. Nous nous abritons sous des tonnelles, pénétrons dans Sanuki Mingeikan, le Musée des Arts populaires de Sanuki : arrêt sur image dans la vie quotidienne japonaise.

 Bras à droite, bras à gauche, en l’air, en bas, en avant en arrière, sans bouger, en marchant. Le parapluie, encore le parapluie, toujours le parapluie au-dessus de l’appareil photo. Commence à n’avoir marre, moi. Doudou, je ferais bien une petite pause dans une des maisons de thé du jardin. Je le mérite bien, non ? Oui, toi aussi, là ! 1 maison, puis 2, fermées.

Maison de thé, Ritsurin-Kôen, Japon

Dans un entrelacs de chemins mystérieux, une  troisième maison de thé nous ouvre ses portes, c'est la plus emblématique du jardin de Ritsurin.

Allées verdoyantes, jardin de Ritsurin, île de Shikoku, photo non libre de droits

Jolie, authentique, Kikugetsu-tei s'épanche aux 4 coins du jardin, vue magique sur ce que la nature aidée de l'homme offre de plus beau . Doudou avale son thé, mange son petit gâteau qui l’accompagne et repart en chasse. Sa pause n’aura pas duré longtemps. Mais, au moins, nous sommes à l’abri.

 Malgré le temps, nous sommes subjugués par le spectacle, le silence. La magie opère, les verts éclatent, la surface de l’eau ondoie.

Doudou, la visite est loin d'être finie, si nous voulons tout voir, il faut quitter notre abri. Le ballet du parapluie reprend, les mirettes s' écarquillent de plus belle pour ne perdre aucune miette du spectacle.

Nos corps sont humides mais notre âme est en paix, le gris du ciel se confond avec le vert de la végétation.Les rochers se font œuvre d'art, les ponts sont un accès direct à la spiritualité.

« Les clichés seront superbes » s’exclame un Doudou enthousiasmé. Mmm, m'a déjà dit ça dans un autre temps, un temps où j'étais sèche ! Mais je n’en doute pas, lui répond une mamie « légèrement » trempée. Nous quittons cet Eden de verdure, nous fermons le parapluie : le ciel a cessé de déverser sur nos épaules son liquide translucide. Nos vêtements et ce qu’il y a dedans sècheront. La paix intérieure perdure, c’est le plus important.

Transparence, Japon

 Avec l'âge, on a tendance à oublier certaines choses : jeunes ou vieux, il faut donc faire travailler sa mémoire. Si je vous dis : les photos et les textes sont de Doudou et de moi, ils sont notre propriété (voir mentions légales en bas de page). A quoi cela vous fait penser ? Bravo, vous avez trouvé. Vous savez donc ce qu'il vous reste à ne pas faire.  Et si vous nous contactiez?

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