A la recherche du bus
Doudou, debout, j'ai faim ! Hier soir, c'était vraiment pas bon et j'ai rien mangé. Alors ce matin j'ai l'estomac dans les talons. Toi aussi ? Nous devons sérieusement nous sustenter car la journée sera longue. Au programme : acheter des pass pour le bus, visiter le Pavillon d'Or, le temple Ryoan-Ji et son jardin sec, un temple bouddhiste dont j'ai oublié le nom et le Pavillon d'Argent. "Tout ça" ? Demande un mari affamé. Tout ça, lui réponds-je. C'est parce qu'ils se trouvent dans le même secteur (enfin presque, excepté le Pavillon d'Argent mais je ne lui dit pas) et c'est plus pratique pour le bus.
Nous achetons enfin nos fameux pass et je trouve même la bonne ligne de bus qui nous amène à notre première visite du jour : le pavillon d'or. Doudou,
Fabulous Mamie Patty is back ! Parce qu'entre nous, hier j'étais plutôt vexée d'avoir échoué dans ma quête. Z'avez vu comme c'est facile de trouver le bon bus
? Faut suivre les flèches et les couleurs !
Un nuage doré flotte au dessus d'un miroir aux reflets bleutés. Sa première naissance date de la fin du xivème siècle. Il se nomme alors Kitayamaden
et sert de dernière demeure au Shôgun Yoshimitsu Ashikaga. A sa mort, son fils Yoshimochi désireux de respecter les
dernières volontés de son père, le confie à la branche Shokoku-ji de l'école Rinzai, l'une des 3 écoles
du bouddhisme Zen japonais. Il prend alors le nom de Rokuon-Ji, "le temple impérial du jardin des cerfs".
Sa peau étincelante ruisselle d'or et, ainsi que Narcisse, il ne cesse de contempler son image dans les eaux de
l'étang alanguis à ses pieds. Il se prénomme alors Kinkaku-Ji, le "Pavillon d'Or"
Mais il se sait fragile, son ossature de bois fut maintes fois dévorée par les flammes. Toujours suivi de multiples renaissances dont la dernière date de 1955. Sur son faîte, un
phénix déploie ses ailes , montre au monde entier que Kinkaku-Ji est inscrit au Patrimoine
Mondial de l'Humanité. L'on dit que, au troisième étage, serait dissimulées des reliques de Bouddha...
La foule est partout présente, je me fais bousculer par des hordes de touristes en mal de photos chocs. Je perds alors mon chéri dans une forêt d' appareils photo et d'objectifs dressés tels des armes de mémoire massive. Je le retrouve rapidement, il a rejoint 2 ou 3 amoureux de l'image saisie dans la zenitude du lieu. Il attend patiemment que les adeptes du voyage façon gnou en transhumance disparaissent du paysage. Puis, dans le jardin, il attrape des moments magiques d'une solitude toute relative : groupes agglutinés devant la statue de Bouddha, senior français indiquant haut et fort au reste du monde que le récipient ne sert à rien, touristes s'installant devant Doudou pour capter ce qu'ils n'auraient jamais photographié avant...
Dans mon souvenir, les touristes étaient moins nombreux, moins arrogants. Leur âme s'élevait au-dessus des objectifs et des perches à selfie. Dans mon souvenir...