Mauvaise nuit, mal partout, très mal dormi. N'aime pas les capsules. Dodo en haut, échelle à droite et lit à gauche, enjamber en levant la
hanche prothésée, bobo les ligaments. Déteste les capsules. Lumière des plafonniers qui filtre à travers les portes accordéon, bricolage de couverture pour
calfeutrer les interstices. Maudis les capsules. Doudou tête ébouriffée et sourire béat, bien dormi dans sa capsule du rez-de-chaussée. Exècre Doudou et ses
maudites capsules. Et dire qu'il faut y passer encore une nuit ! Nan, j'ai pas bien dormi. Oui, faut emprunter des parapluies, il a plu. Oui, j'ai faim. Oui, je veux des
sandwichs et du café, pas des boulettes et du riz. Nan, pas besoin de prendre le tramway pour se rendre au château de Matsuyama, nous pouvons y aller à pied.
NAN, j'aime pas les hôtels capsule. Euh, et à part ça, tu es de bonne humeur ? Me demande un Doudou
toujours émerveillé par sa nuit. Ben, oui ! Quelle question. C'est juste pour que tu prennes soin de la petite chose fragile qu'est ta chérie.
L'essence même d'un Hirayama-jiro
Perché à 132 m d'altitude, sur le Mont Katsuyama, Matsuyama-Jô observe la ville d'un œil supérieur. Construit en
1603, puis successivement incendié, reconstruit, bombardé en 1945 et de nouveau restauré depuis les années 60, il représente l'essence même d'un Hirayama-jiro (château en hauteur). Ma culture japonaise épate Doudou ! Disons qu'il tente de me faire oublier ma nuit capsulaire. "Si tu es trop fatiguée, nous pouvons
prendre le funiculaire qui monte jusqu'au sommet" me propose un Doudou bienveillant. Non merci, 132 m, c'est tout à fait à ma portée, lui réponds-je, le gratifiant de mon plus beau sourire. J'ai
un peu mal dans la cuisse, mais je ne suis pas impotente non plus !
Matsuyam-Jô a perdu ses seigneurs mais conserve un œil aérien sur la ville et ses 515 ooo sujets. De loin en loin, son regard jette des œillades sur
la Mer Intérieure de Seto et accepte de se poser sur des maisons tentant de se hisser vers son sommet.
Une montée en pente presque douce, puis une étendue de gravier nous mènent vers ce puissant colosse aux larges murs de blocs gris. Matsuyama-Jô, une forteresse majestueuse en impose, adoucie par une nature qui la ceint.
Une ossature massive couronnée d'un chef délicat et élancé accueille le visiteur du jour. Son Tenshu (donjon) né de la reconstruction du 19e siècle le conduit à son sommet par une enfilade de salles sombres au plancher craquant.
Des meurtrières ouvertes sur un rai de lumière laissent entrevoir le quotidien d'une forteresse soumise aux diverses familles qui se succédèrent au fil des siècles.
Auparavant, il faut au visiteur du jour, franchir d'épaisses portes de bois dont les impressionnantes ferronneries ne laissent pas de marbre...
...Rencontrer l'esprit d'un Samouraï dissimulé dans les pans de son armure et qui rêve de temps glorieux, ceux des sabres flamboyants au fil coupant.
Tout une vie de combattant résumé derrière des vitres d'une propreté irréprochable, n'est ce pas Doudou? Fini les photos, nous devons visiter Ishite-Ji, le 51ème temple des 88 sur la route du pèlerinage de Shikoku. Tu m'avais bien dit qu'il ne fallait pas que la lumière soit trop sombre ? Donc, c'est maintenant. Oui, nous passons devant Ninomaru Shiseki-Teien, le jardin qui ses trouve en bas de la colline. Mais je pense qu'il n'y aura pas grand chose à photographier.
Quand je te dis qu'il n'y a pas grand chose à photographier, faudrait m'écouter de temps en temps !