Dôgo Onsen, une expérience mémorable

Vous pensiez que j'avais oublié l'animation de l'horloge de Botchan ? Et bien, non, vilains que vous êtes. Mamie oui, perte de mémoire, non. Enfin pas complètement. C'est l'heure !

Dans le secret de Dôgo Onsen, Matsuyama

 Youpi, hiii haaa, nous y sommes. Nous pénétrons enfin dans Dôgo onsen Honkan, un bâtiment datant du XIXème siècle. Il referme les 7 sources d’eau chaude les plus anciennes du Japon. Des aigrettes délicatement posées sur son toit, rappellent la légende d’un couple de ces oiseaux dont l’un, blessé, fut guéri après s’y être baigné. Peut-être que mes bobos réveillés par ma nuit dans la capsule vont disparaitre !

 Non, non , pas de photos à l’intérieur, les baigneurs sont tout nus. Le code est simple :

  • vestiaires séparés, casier pour y déposer ses vêtements et clé de cadenas vissé au poignet par un élastique

  • serviettes (mince, nous n’en n’avons pas. Pas grave, on peut en louer une), savon, shampoing (re mince, re nous n’en n’avons pas, nous en achetons)

  • arrivée tout nu dans une salle où la chaleur est intense avec un grand bain au milieu

  • autour, des emplacements pour s’asseoir munis de douches pour se laver avant d’entrer dans le bain.
Un aprsè midi au bain, Shikoku, Japon

 Quand je dis laver, c’est un doux euphémisme. Ca lave, ça frotte, ca récure, ça rince à grand coup de douche ou de seau d’eau versé sur la tête et ça recommence. Style Elie Kakou : « you put it in the water, you wash it, you wash it, you riince, you riince !" Après ce premier traitement, l’œil en coin pour voir si je fais tout bien, je me plonge dans un bain qui ne tarde pas à me transformer en homard. Je fais bonne figure. J’observe (je sais ça ne se fait pas, mais je suis une vilaine curieuse), très discrètement. Et là, j’ai un choc. Des corps jeunes, vieux, peau pendante, des anatomies féminines sous mes yeux, douchées, récurées, astiquées. Je suis renvoyée vers moi, vers ma propre intimité. Je suis envahie par un malaise, accentué par la chaleur. Je sors du bassin, m’assois à nouveau et prends une douche rafraîchissante. Pour me donner une contenance, je me savonne à nouveau, frotte, récure et rince à grand coup de douche fraîche. A ce rythme, je n’aurai bientôt plus de peau. Quant au film lipidique et protecteur  je peux faire une croix dessus. Je retourne dans mon court bouillon. Je sens sur moi des regards discrets, (des fois que je ne serais pas faite pareil), sur la cicatrice qui me barre la fesse gauche, témoignage de ma prothèse.

Yucata and c°, Matsuyhama

 Je sors à nouveau du bassin, me douche derechef mais ne me savonne plus. La peau me tire, mon esprit bouillonne comme mon corps. Je fuis. Revêtue du yuacata prêté à l’entrée, je vais dans la salle de relaxation pour y prendre un thé et un biscuit (compris dans le prix de l’entrée) et y attendre un Doudou détendu et ravi de sa séance. Je lui raconte la mienne, il s’en amuse. Forcément, en étant à moitié norvégien, les saunas et roulades tout nu avec les saumons du coin dans la neige, il connaît. Pff, m’en moque de ses moqueries, na ! Au prochain onsen (car je compte bien y retourner), je saurais à quoi m’attendre. Viens, allons faire un tour dans la galerie marchande, j’ai repéré un endroit sympa pour prendre un goûter.

 La boutique est sympathique, à l'arrière un petit jardin japonais où il doit être agréable de siroter un thé vert lorsque la pluie laisse la place au soleil.Non, pas aujourd'hui, Doudou, je suis rincée de l'eau !Regarde, un roulé au chocolat. C’est étonnant d’en trouver. Euh, non , je n’ai pas pris un coup de chaud. Pourquoi, c’est de la pâte de haricots rouges ? Ah, ben on peut tester. Nous testons, avec du thé matcha.

Un goûter au Japon, Matsuyama

 Absorbé seul, le thé matcha me donne l’impression de boire du potage au cresson, mais avec le roulé à la pâte de haricots rouge, le mariage est pas mal. "Nous sommes sur une note verte dont l'amertume est audacieusement équilibrée par le sucré et feutré du haricot rouge" !  Diraient les spécialistes culinaires et autres chefs pâtissiers. Nous sommes surtout épuisés par le onsen, les muscles relâchés. Je me remets doucement de mon expérience de bain japonais. Mais la vérité crue et nue  de la déchéance corporelle avec l'âge m'a explosé au visage. Et je ne suis pas vraiment prête à l'accepter.

La face cachée de Dôgo Onsen, ile de Shikok

Doudou, je voudrais renouveler mon film lipidique en m'enduisant de lait pour le corps, on y va ? Encore une petite photo de l'arrière du Dôgo Onsen ? Je t'attends à côté du mignon petit train, réplique de celui qui transportait les voyageurs en 1888 dans les rues de Matsuyama. Et ce soir, nous retournons au restaurant que nous avons découverts hier. Je ne vous en ai pas parlé ? Pas de sushis (fallait que je la fasse celle là !), je répare mon erreur dans le prochain article.

Botchan train, Matsuyama

 Avec l'âge, on a tendance à oublier certaines choses : jeunes ou vieux, il faut donc faire travailler sa mémoire. Si je vous dis : les photos et les textes sont de Doudou et de moi, ils sont notre propriété (voir mentions légales en bas de page). A quoi cela vous fait penser ? Bravo, vous avez trouvé. Vous savez donc ce qu'il vous reste à ne pas faire.  Et si vous nous contactiez?

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