La maison natale Charles de Gaulle, le berceau d'un destin hors norme

Rien dans mon existence ne me prédestinait à être un jour sous les feux des projecteurs. Au XIXe siècle, je vivais tranquillement au 9 rue Princesse à Lille où je menais une vie de petite bourgeoise issue de l'industrie textile. Dotée d'un physique discret, je n'affichais aucun luxe ostentatoire. Bien sûr, je  me devais de garder mon rang que je conservais à l'abri des regards, dans l'atmosphère consciencieuse du travail et du labeur propre à toute famille catholique. Et puis, le 22 novembre 1890, un homme entra dans ma vie.

Je devrais plutôt parler d'un enfant, le petit Charles, dont le destin hors norme bouleversera quelques années plus tard l'avenir de la France. Comme le veut la coutume, sa mère Jeanne de Gaulle vint accoucher dans la demeure familiale de ses parents et mit au monde Charles. Et moi, petite maison bourgeoise et familiale, me voilà destinée à devenir sa maison natale et à entrer dans la Grande Histoire. Je n'y étais pas préparée. Cet enfant, Charles de Gaulle, n'était qu'un garçonnet venant passer ses vacances en compagnie de ses cousins, oncles et tantes chez leur "Bonne Maman". Avec mon petit intérieur cossu et chaleureux, j'étais la parfaite incarnation de la demeure familiale lilloise de la Belle Époque.

Les parents de Charles, Jeanne Maillot et Henri de Gaulle
Les parents de Charles, Jeanne Maillot et Henri de Gaulle
La tante et l'oncle de Charles de GaulleNoémie Maillot et son époux Gustave de Corbie
La tante et l'oncle de Charles de Gaulle, Noémie Maillot et son époux Gustave de Corbie
La grand-mère maternelle de Charles, Julia Maria Maillot dite "Bonne Maman"
La grand-mère maternelle de Charles, Julia Maria Maillot dite "Bonne Maman"
Le grand-père maternel de Charles, Jules Emile Maillot
Le grand-père maternel de Charles, Jules Emile Maillot disparu 2 mois après la naissance de Charles de Gaulle

Mais en naissant entre mes flancs, le futur "Homme du 18 juin" a fait de moi un lieu historique et un musée, la Maison Natale Charles de Gaulle. Après des années de visites, il a fallu me refaire une beauté et je me présente aujourd'hui à vous vêtue de mes plus beaux atours. J'ai retrouvé mon âme du XIX siècle, celle d'une demeure bourgeoise lilloise, celle que le "Futur Chef des Français libres" remplissait de ses cris d'enfant mêlés à ceux de ses cousins et aux rires des plus grands.

Mon petit salon arbore un papier peint recréé à l'identique à celui que j'ai porté il y a bien longtemps et dont on a retrouvé un fragment. La blondeur de mes boiseries reflète la lumière pénétrant par une fenêtre restée dissimulée de nombreuses années et dont j'avais oublié l'existence.

Les doubles portes du petit salon s'ouvrent sur le grand salon dont je suis très fière. Les restaurateurs ont mis un point d'honneur à faire revivre l'ambiance chaleureuse et intime dans laquelle baignait la tribu de Gaulle-Maillot-de Corbie. Sous la férule de Bonne Maman,  on y tenait salon, on se réunissait lors des fêtes religieuses. Le mobilier Louis Philippe et Napoléon III instaurait le bon goût, la tradition. L'atmosphère foisonne encore de ces petits riens quelque peu bourgeois certes, mais si conviviaux.

Ma salle à manger inondée de lumière semble attendre quelques convives de marque. La table arbore sa plus belle vaisselle qui aime à briller de mille feux à la nuit tombée lorsque la fée électricité se reflète sur la faïence des manufactures du Nord.

Voici ma pièce préférée, le jardin d'hiver. Véritable prolongement sur l'extérieur de mon âme, il me conférait, au-delà d'un certain statut social et d'un confort intime, le privilège d'accueillir Charles de Gaulle et ses cousins pour de joyeux ébats enfantins. La conservation de mon âme dans sa pensée originelle est des plus remarquables : reconnaissons à sa juste valeur la restauration des motifs muraux et vitraux et le choix de meubles, véritable reflet de la Belle Époque.

Un léger détour par la cuisine où l'on concoctait les bons plats revigorants du Nord...

...Avant de grimper un escalier qui nous conduit au 1er étage et à mes chambres.

Ma première chambre abritait le monde secret et spirituel de Bonne Maman grâce à la présence d'un oratoire où elle se recueillait et méditait. Mon papier peint n'est certes pas d'origine mais il a été reconstitué à l'identique. Il répond harmonieusement aux tapis et aux rideaux ornant l'alcôve. Une très grande intimité nous liait Bonne Maman et moi mais je resterai silencieuse sur ses secrets "d'alcôve". Sachez seulement qu'ils étaient plus d'ordre contemplatif que coquins !

Ma chambre d'amis, à laquelle est adjointe une lingerie, accueillait les membres de la famille. Ceux qui me chouchoutent aujourd'hui y ont déposé un poème de Charles de Gaulle. Extrait : "Quand je devrais mourir, j'aimerais que ce soit sur un champ de bataille..." Il avait 18 ans.  

Signe du destin ? Je vais vous confier un secret. Déjà dans ses jeux d'enfant, il menait au combat des petits soldats de plomb. Son armée sortait toujours victorieuse ! Lorsque je pose un regard attendri sur le petit berceau et la robe de baptême du petit Charles toujours présents dans ma chambre natale, combien il m'est difficile d'imaginer qe son petit cœur palpitant abriterait un jour un amour immense pour la France. Que ce bout de chou deviendrait un "homme grand" et un "Grand Homme". Que je deviendrai mondialement connue. Moi, la petite maison bourgeoise issue de l'industrie textile.

Voilà mon histoire, voilà ma vie. Si humble et discrète face au destin hors norme que fut celui du personnage qui vit le jour entre mes murs  : Charles de Gaulle, Le Général de Gaulle, l'Homme du 18 juin, le chef des français libres.

Maison natale Charles de Gaulle :  9 rue Princesse 59000 LILLE

                                                                        03 59 73 00 30

Contact et réservation en cliquant sur le lien : maisondegaulle.fr 


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