Oh, my God ! Il pleut des cordes. Et dire que nous visitons aujourd'hui Tosho-gu, un temple shintoïste classé au Patrimoine Mondial de l'UNESCO et le plus renommé de Nikko. Je ne veux pas me lever, je reste sous mes 15 couvertures empilées durant la nuit tant j'ai eu froid. Et j'appréhende la journée car ça va être le retour du ballet des parapluies pour protéger son Sony XR III de poche ! Allez, debout Mamie Patty, va falloir se mouiller pour tes lecteurs.
Tosho-Gu, entre shintoïsme et bouddhisme
Derrière l'immense Ishi Dorii et sous une pluie battante, Tosho-Gu abrite l’esprit divinisé du fondateur du shogunat d’Edo, Tokugawa Ieyasu. Construit en 1617 par le fils d'Ieyasu, Tosho-Gu s'étend dès 1636 par décision du petit fils de Tokugawa Ieyasu. 39 bâtiments sont inscrits comme « Biens Culturels Importants » par le gouvernement et d'autres comme « Trésors Nationaux ».
La pluie, comme un rideau de larmes de joie, joue avec les couleurs diaprées des pavillons de bois. La main de l'homme s'active depuis 2007 sur Tosho-gu et ranime le rouge vermillon et les cascades d'or. A L'inverse du reste du Japon, les bâtiments du sanctuaire shinto de
Nikko n'arborent pas de tenue épurée.
Les parapluies fleurissent de toutes parts alors je fais pousser les miens et crée un toit de plastique transparent au dessus de nos têtes et de Sony. Surtout de Sony ! Le diable, dit-on, se cache dans les détails. A Tosho-Gu...
... Les détails se font singes malins ou empreints de sagesse : « Ne pas voir le Mal, ne pas entendre le Mal, ne pas dire le Mal", et symbolisent ainsi les trois principes du bouddhisme Tendai.
Aujourd'hui, point de sagesse en moi mais une furieuse envie de maudire les célestes êtres qui déversent des torrents de pluie que je ne trouve pas divine. Les parapluies balisent les chemins, se dressent en rempart entre le photographe et son objectif. En septembre à Nikko, le taux de pluviométrie est estimé à 230 mm . Sur un mois. Pas en une journée !
Il nous faut franchir des murs de parapluies pour atteindre la sublime porte Yomei-mon également appelée Higurashimon, qui signifie porte du coucher du
soleil. Pur chef-d’œuvre du style de la culture d'Edo, elle resplendit tel l'astre qui lui prête son nom. Mais le photographe peste, les perles de pluie, plus
nombreuses qu'à Takamatsu, se font ruisseaux, éclaboussent le capteur.
Ces diables de détails risquent de lui échapper. Ces diables de détails, dont la récente rénovation révèle de chatoyantes couleurs, se manifestent enfin. Le zuijin (ou kami, divinité qui garde les portes des temples)) tout d'or vêtu a eu pitié du photographe.
Une volée de marches humides nous amène à la tombe de Tokugawa Ieyasu. La sobriété du lieu contraste
avec l'arc en ciel de couleurs qui illumine le reste de Tosho-Gu.
La pluie cesse peu à peu. Normal, nous avons terminé la visite. Nous sommes trempés, l'eau a traversé nos doudounes à capuche. Nos pieds se noient dans nos chaussures. Trop occupée à
protéger le photographe et son boîtier noir, je n'ai pas pu apprécier Tosho-Gu comme il se devait, encore moins prendre la mesure
de sa beauté et de son rayonnement. Nikko et ses trésors méritent notre retour afin que l'on puisse s'abandonner à sa
contemplation.