Port Douglas
Nous l'ignorons encore, mais cette dernière étape tant attendue nous apportera un désenchantement complet. Pour l'heure, nous prenons notre petit déjeuner sous un soleil goguenard, s'amusant seul de sa partie de cache cache d'hier.Pfff, même pas envie de rire. Nous quittons la forêt de Daintree et gagnons Port Douglas, excités comme deux poissons coralliens. Arrivés à l'hôtel, nous déposons les bagages, amenons la voiture chez le loueur et partons découvrir Port Douglas. Doudou, il paraît que c'est le "lieu luxueux de villégiature du Nord du Queensland"!
Ouaip, ben mise à part l'artère principale et le port, il n'y a pas grand chose. Certes, la plage est superbe mais comme beaucoup de plages en Australie, faut aimer les TRÈS TRÈS grosses vagues pour se baigner. AIME PAS ! N'AIME QUE LES PETITES ! Pas grave, il y a une piscine à l'hôtel. Avec des vaguelettes !
La grande barrière de Corail
Doudou, Doudou ! Faut qu'on réserve nos places sur un bateau pour faire du snorkeling sur la grande barrière de corail. Au vu des prix pratiqués pour une croisière avec repas + exploration avec masque et tuba, Doudou homme grenouille boit un peu la tasse. Pour le coup, je reconnais que c'est pas donné; pour une moyenne de 200 dollars par personne, les poissons ont intérêt à être là. Nous nous acquittons de cette "modique somme" (le porte monnaie surnagera bien encore un peu!), rendez-vous demain dans le port.
Après une soirée calme, nous partons tout guillerets pour enfin voir, en vrai, cette merveille naturelle. Sur le bateau, d'autres français, des accompagnateurs qui nous conseillent vivement de payer (encore) pour un cachet contre le mal de mer. Enfin, nous larguons les amarres.
Blurp ! Moi qui n'ai pas le mal de mer, malgré le comprimé, mon l'estomac tangue. L'horizon penche dangereusement. Bizarre, d'habitude c'est Doudou qui devient vert. Je vieillis ma parole. Arrivés sur les récifs, nous mettons nos masques, chaussons nos palmes. D'après les photos prises par les accompagnateurs, nous devrions découvrir un paradis coloré, rempli de créatures multicolores et aériennes.
Un désert sans nom
Rien, ou si peu. Des coraux blanchis, vidés de leur substance de vie, 3 ou 4 créatures pâles, errant dans ce désert corallien. J'en pleurerais presque si je n'avais pas le visage recouvert de plastique. Je remonte, j'ai froid, le vent souffle et la mer est trop agitée à mon goût. Doudou s'attarde un peu avec d'autres mais il ne cache pas sa déception lorsqu'il me rejoint. Un photographe du staff, sourire étincelant et œil en mode dollar montre les photos prises afin de les vendre. Elles sont richement colorées. Rien à voir avec la réalité sous marine. Doudou spécialiste photo m'explique les rudiments du retouchage photo puis nous discutons avec 2 jeunes français qui effectuent un tour du monde. Ils ont fait du snorkeling dans une autre partie du monde où les coraux sont encore préservés, rien à voir avec ce cataclysme écologique.
Un appel à Léonardo
Le lendemain, dernière journée à Port Douglas avec une promenade sur la plage. Nous découvrons des dizaines d'australiens se rassemblant pour former des lettres humaines qui constitueront un message filmé par un drone. Ils écrivent à Léonardo Di Caprio pour qu'il intervienne afin de sauver la GREAT REEF BARRIER, LA GRANDE BARRIÈRE DE CORAIL, seul organisme vivant visible depuis l'espace. Plus de 2000 km de long pour une surface de 344 400 km2, en péril !
Nous sommes tous coupables
Nous sommes faces à une remise en question, nous aussi avons pris un bateau pour voir l'une des sept merveilles du monde. Comme beaucoup de
routards... Comme beaucoup d'amoureux de la nature. Alors, que faire ? Stopper les voyages ou mettre à profit nos déplacements pour attirer l'attention sur
les désastres écologiques ? Il n'y a pas que Léonardo pour être le porte- parole d'une planète à la dérive.