Les pétroglyphes de Twyfelfontein
Si hier soir, la raison et l'esprit ont repris le pas sur le corps, ce matin le corps prend sa revanche. Je ne suis pas dans mon assiette, l'excès de boissons trop froides gèle mon
estomac, je ne peux plus voir en peinture (rupestre, bien évidemment) le café soluble ni le pain tout mou. Doudou est comme moi mais, fierté masculine oblige, il affiche un air faussement
réjoui. Nous levons le camp et roulons vers les célèbres pétroglyphes de Twyfelfontein. En chemin je branche ce scrogneugneu de GPS qui nous indique enfin la
bonne route vers la station essence. Chouette, c'est pas loin du lodge luxueux que j'ai repéré dans mon road book; je vais pouvoir mettre mon plan à exécution : estomac gelé oui, mais cerveau
toujours en ébullition ! Doudou est content, son animal sera bientôt désaltéré. Nous partons vers le site de Twyfelfontein où un guide
majestueux nous prend en charge. Le XXème siècle dresse son "art pariétal" entre nous et l'art rupestre : les murs du
bureau d'accueil puis les vestiges de la maison d'un colon.

Les roches gravées s'exposent enfin à nos yeux. 6000 ans plus tôt, des dessinateurs de BD ont croqué un bestiaire fantastique sur une planche à dessin en grès, destinée à traverser les âges pour nous parvenir et peut-être nous réunir. Pensaient-ils déjà à témoigner de leur temps ? A laisser une trace mise en péril par des bipèdes en quête de nouveaux territoires ?



Notre guide nous autorise à revenir seuls par un autre chemin de randonnée. Nous grimpons sur les hauteurs en empruntant un sentier interdit; je ne comprends pas le feu vert du guide. Nous embrassons du regard un paysage chaotique, brûlé, assoiffé. Aujourd'hui, je suis comme lui. Doudou fait quelques photos et me trouve étrangement calme. Je m’assois dès que possible et bois beaucoup. "Oh, toi t'es pas bien". Je confirme. J'en profite pour lui parler du lodge, du resto et de la piscine qui s'y trouve. Partir en quête de nouveaux sites à visiter et retourner à l'"atomic camp" sous ce soleil qui me vrille le crâne, je peux pas. Il m'avoue que lui non plus. Nous allons risquer de nous "inviter au restaurant" (pas sûr car nous ne sommes pas clients du lodge) et squatter la piscine.

OUAH, trop bien, je veux rester là. On nous accepte au restaurant. C'est un buffet et nous nous remplissons la panse. Pas de salades, pas de thon en boîte ni de pâtes trop cuites ni de pain sous vide, des gâteaux en dessert, accompagnés de vrai café. Doudou est dans de bonnes dispositions, je lui fait les yeux doux et lance mon missile. "Tu crois qu'on pourrait passer la nuit ici au lieu de retourner au camping, on ferait une bonne sieste au frais dans la chambre, on mangerait encore au resto ce soir et on aurait un vrai petit déj demain matin". Doudou se marre, il en a envie lui aussi. Il finit sa 3ème tasse de café et son 3ème bout de gâteau (quand je dis qu'il est dans de bonnes dispositions ! ) et va plaider notre cause à l'accueil. Miracle, il reste une seule et unique chambre avec le dîner et le petit déj inclus. Il la réserve illico.

Ce qui est bien avec un 4X4 qui a la tente sur le toit, c'est qu'on a sa maison sur le dos. Du coup, pas besoin de retourner au camping pour récupérer le matériel, nous pouvons gagner notre chambre tout de suite après notre déjeuner pantagruélique. Les petits vieux que nous sommes, font un "somme" de 2 heures; un bain revigorant dans la piscine, un goûter "gratos" composé de café et de "black forest cake" et nous renaissons de nos cendres. Ce soir, les 2 phénix feront un sort au buffet du dîner. Tout compte fait, nous ne sommes pas des vieux croûtons, faut juste qu'on se ménage un peu !