Réveil matinal, pas bobo à la tête, chouette. D' autant plus que nous reprenons la piste C43 en sens inverse, direction Sesfontein et les éléphants du désert. Arrêt Opuwo pour faire le plein de carburant, compléter
notre stock de nourriture et acheter de la lessive. NON, pas la lessive ! koikidit notre programme ? 340 km, +ou- 6h de route. Bon, nous achetons du poulet rôti et de la salade de riz parce
que je veux bien faire de la piste pendant 6 heures mais faut que je mange, moi. Ma tendance à râler augmente de niveau si j'ai l'estomac vide et en plus, je fais des malaises. La totale, quoi.
Et si Doudou "la mauvaise humeur" fait son apparition, c'est le pompon. On en viendrait presque aux mains et à notre âge... HI HI. Non , je rigole.
Sur la piste C43, vers le sud
Sur la route, la lumière intense n'est pas la plus forte. La nature lui impose sa beauté et gagne le combat à nos yeux. A l'heure du repas, nous stoppons notre animal sur le bas côté de la piste et écoutons le silence que seul le vent trouble. Se nourrir d'un simple poulet rôti et d'une barquette de riz se transforme en une expérience culinaire incomparable. Les papilles se multiplient à l'infini, comme si elles voulaient absorber l'essence même de la Création. Un 4X4 s'arrête, le conducteur nous montre son pouce, il veut savoir si tout va bien ou si nous sommes en panne. Nous "pouçons" pour lui répondre que tout est ok. Il y a des lieux magiques, des situations où nous sommes tous frères dans l'Univers. Nous sommes bientôt rattrapés par la réalité, d'autres véhicules vont suivre. Nous avons tous les mêmes impératifs horaires et kilométriques. Certaines fois, l'Univers est un peu trop peuplé.
Nous arrivons au camping. Nous nous installons, réservons un safari pour demain matin 8 heures et je me mets à la lessive à la main. Il fait chaud et je dégouline littéralement. Pu l'âge de faire la lessive à la main et en plein soleil, moi. Doudou me propose un timide "tu veux que je t'aide"? Nan, y a pas assez de place pour deux, prépare moi plutôt un immense verre de jus de fruits bien frais. L'électricien céleste joue avec le variateur, le soleil se retire sur la pointe de ses rayons. Un "pop" de nos voisins allemands annonce l'heure de l'apéro, il est temps d'inviter le "BABY BUSH STOVE" à notre table et de s'offrir encore un moment de communion avec la nature. Quel jour de la semaine sommes-nous ? impossible de s'en souvenir. Je ne retiens que la date, organisation oblige, mais nous perdons la notion du temps humain. Ici, tout est calme, silence, solitude. Nous ne savons pas encore que demain nous allons vivre une journée exceptionnelle.
En quête des éléphants du désert
8 heures, nous sommes prêts. "On va prendre les doudounes" dit Doudou "bonconseil" . Ben, pourquoi, je transpire déjà ! Nous montons dans la voiture safari, vous savez, celle qui est ouverte à tout vent. A bord des couvertures. Notre guide explique qu'il fait frais le matin. Ah oui ? Ah oui ! GLA GLA. Nous sommes à l'ombre pendant le trajet et il y a du vent. Mamie est gelée. Je jette un regard énamouré à mon mari chéri qui a pensé à tout, me rue sur ma doudoune et m'enveloppe les jambes dans la couverture. C'est mieux et je peux enfin profiter du paysage. Nous traversons Sesfontein et roulons vers la rivière Hoanib dans l'espoir de rencontrer des éléphants du désert. Le paysage est extraordinaire formé d'étendues désertiques et de points de verdure. Aurons-nous la chance de voir une trompe pointer son nez ?
Des trous, des bosses, des tranchées (j'exagère à peine), des ornières bourbeuses dans lesquelles le fauve 4X4 patine, s'enlise et se délivre en rugissant. Back in the shaker. Aïe, mon dos, mes cervicales, déjà sortis de leur sommeil par une heure de lessive hier. Zut, je les avais oubliés, eux non. Je ne dis rien à Doudou, avec un peu de chance ça passera tout seul et je m'abîme dans la contemplation du paysage. Un 1er arrêt pour une séance photos. Aucun bruit, si ce n'est celui du vent brûlant, qui dessèche les lèvres et assoiffe les corps. Les bouteilles d'eau offertes par notre guide sont comme des coulées de fraîcheur dans nos gosiers. Le fauve 4X4 reprend sa traque, il hume l'air, déchiffre les empreintes. Il interpelle un autre animal, plus grand que lui : c'est un bulldozer. S'est-il perdu, si loin de tout ? Nous ne somme donc pas au milieu de nulle part. Tant pis ! Il donne quand même de précieuses indications : les éléphants du désert ne sont pas loin.
Telles des apparitions, les voilà qui surgissent d'un puits de verdure. Un groupe composé de femelles et de petits nous donne l'autorisation de nous immiscer dans leur intimité. Il n'y a que Doudou, moi et notre guide, aucun autre touriste ni véhicule; la solitude, la vraie, tant décrite et tant vantée dans les guides et sur internet, tant cherchée et si rare, si précieuse. Aucun mot, aucune parole superflue ne vient envahir le silence. La quiétude de cette famille est contagieuse, nous laissons le soin au guide d'être aux aguets.
Nous les quittons sur la pointe des roues, il est temps pour notre guide de nous préparer un lunch dans le busch. Quelques km plus loin, à l'ombre des arbres, il s'arrête pour dresser la table, enfin s'il y en avait une. Point de table, elle a été oubliée, nous rions de bon cœur. Nous nous installons sur les chaises, les assiettes posées sur les genoux et conversons avec le guide. Puis il nous faut repartir, la chaleur devient accablante.
Le soleil brûlant blanchit le paysage et rougit notre peau, le vent nous racornit et crevasse nos bouches. Nous sommes couverts de poussière mais rien ne pourra entacher les souvenirs que nous ramenons, nichés au creux de nous deux.
De retour au camping, nous sommes épuisés par la chaleur et les chocs du trajet. Mais, Dieu, quelle expérience inoubliable ! Rituel habituel de fin de journée, piscine rafraîchissante et douche salvatrice. L'heure du repas est encore loin. Et si on partageait encore un moment à deux ?