Entre Santa Croce et Palazzo Vecchio
Langue pâteuse, bouche sèche, œil difficile à ouvrir et un Doudou haleine tueuse, voilà les sensation d'un matin florentin du mois de mai. Bonne nouvelle, les mollets ne sont pas
congestionnés et j'ai faim. Mauvaise nouvelle, mon haleine n'est pas mieux que celle de Doudou, faut ruser avant de dire "buongiorno". Sinon ? Le soleil brille, le bruit de la vie florentine nous
parvient, joyeux, pétillant comme du Prosecco, italien tout simplement. Vite, je suis pressée de sortir , j'ai envie de me plonger dans ce tourbillon
incessant qui anime les villes italiennes. Au programme : la Basilica Di Santa Croce à deux pas de notre logement puis le Palazzo Vecchio.

La Basilica Di Santa Croce se trouve ... sur la Piazza Santa Croce. Les prédicateurs florentins, les fêtes
populaires, les joutes princières et le Calcio s'y déroulaient. Pour ceux que ça intéresse, le Calcio était le sport de balle de la Renaissance. Les propriétaires de palais entourant la Piazza devaient être ravis ! il faisait bon être vitrier à l'époque. Je pivote sur les talons de mes mules
pailletées qui commencent à me faire sacrément mal aux pieds. Ah, elles sont mignonnes avec leur résille scintillant au soleil mais elles me coupent la jolie cambrure
obtenue après des années de danse. Voilà, ça m'apprendra, j'avais qu'à prendre mes Toutenstock. Elles sont moins esthétiques mais tellement confortables. A la vue de la façade de la basilique,
j'ai les orteils qui frémissent d'émotion : même si elle date du XIX siècle, (c'est pas rien), l'église fut achevée à la fin du XIV siècle. . On y trouve les
dépouilles de Galilée, Michel-Ange, Rossini,
Machiavel. Dante, qui est enterré à Ravenne, y a son cénotaphe.

Mes petits pieds mignons ont hâte de pénétrer à l'intérieur. Allez , Doudou, on y va, il y a l'un de tes ancêtres qui nous attend. Qui ? Machiavel, bien sûr. J'ai droit à un sourire mi-figue mi-raisin, signe que ma moitié n'apprécie pas toujours mon humour à sa juste valeur. Un baiser mentholé sur le parvis (ça fonctionne bien pour se rabibocher) et nous entrons dans l'église.
le temps n'existe plus, nous nous transportons dans la Florence des franciscains, de l'Humanisme et de la Renaissance. Giotto, Brunelleschi, Vasari, Canova... ont sculpté, peint, martelé, doré pour l'honneur, la gloire et la richesse de familles puissantes. Ils ont porté Santa Croce au rang de "symbole de l'art florentin", ont fait rayonner la Grandeur des Médicis. Fortune et gloire ont disparu, le règne de la pensée et de l'art subsiste.


Nous quittons sur la pointe des pieds le passé pour nous replonger dans le XIXème siècle. Dehors, point de pourpoints ni de chausses, point de robes à manches longues ni de cyoppa mais des shorts peu seyants, des tee shirts qui tirebouchonnent sur des bidons, des tongs et autres chaussures de randonnées.

Doudou, c'est l'heure de casser une petite graine, après c'est le Palazzo Vecchio ! Quand je dis que c'est une journée d'enfer (de Dante bien sûr).